Depuis 40 ans, asvf s’engage
aux côtés des PAYSANS du Sud

Découvrez les projets AVSF, au service de la biodiversité agricole

AVSF développe sur le terrain une stratégie à long terme, pour encourager les acteurs locaux à conserver et à développer leurs modes de production traditionnels. Création de coopératives, mutualisation des moyens, échanges de graines : nous organisons avec les paysans du Sud un rempart naturel face au rouleau compresseur de l’industrie agro-alimentaire, avec déjà des résultats encourageants et encore plus de défis à relever.

Sabrina Novak : à la recherche des légumes perdus

Directrice adjointe et responsable projets développement au CRBA - Centre de Ressources de Botanique Appliquée, Sabrina Novak réhabilite les légumes oubliés pour assurer la sécurité alimentaire et accroître la qualité nutritionnelle de nos assiettes.

Quel est le rôle du Centre de Ressources et de Botanique Appliquée ?

L’objectif du Centre de Ressources de Botanique Appliquée est de favoriser la recherche en botanique appliquée à l’horticulture, à la création et la restauration de jardins et à l’histoire et l’utilisation actuelle des plantes.
Tout est parti d’une étude au sein du CNRS « Fruits, légumes et fleurs du bassin lyonnais : un patrimoine culturel et biologique à connaître et à conserver» sur l’importance historique de l’horticulture en région lyonnaise. En effet, au XIXe siècle, 60% des roses mondiales étaient créées à Lyon, tout comme plusieurs milliers de variétés de fruits, légumes et fleurs !
En 2008, Stéphane Crozat, directeur du CRBA et ethnobotaniste et moi-même avons fondé le CRBA au domaine de Lacroix Laval pour retrouver ce patrimoine oublié d’environ 500 variétés de fruits et légumes. En 2013, nous en avions retrouvé une centaine, dénichée à force de recherches dans les potagers, ou chez les collectionneurs et surtout auprès de banques de semences mondiales dont l’Institut Vavilov en Russie avec lequel nous collaborons scientifiquement pour cinq ans.

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Un exemple concret de votre travail sur ces légumes oubliés ?

Le CRBA, en collaboration avec le Réseau AMAP Auvergne-Rhône-Alpes, et des maraîchers régionaux a soutenu la culture et la récolte de semences de variétés potagères locales.
Ce qui nous a permis de faire d’une pierre trois coups !
1 – on donne aux maraîchers la possibilité de retrouver cette biodiversité cultivée oubliée et indispensable à plusieurs titres : pour leurs qualités agronomiques, culinaires et nutritives. Nous les formons également à faire leur graine et menons un travail de suivi des cultures.
2 - les AMAP font la promotion de ces variétés et les distribuent dans les paniers, avec une recette originale signée par le chef étoilé Alain Alexanian, et l’idée qu’il appartient à tous de défendre notre souveraineté alimentaire.
3 – La nécessité de retrouver, protéger et valoriser cette biodiversité cultivée passe aussi par des réseaux de consommateurs, comme ceux des AMAP. Car l’objectif est bien que ces variétés retrouvent les assiettes de tous.

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Et en quoi ces actions sont-elles essentielles ?

En 100 ans, 75% de la biodiversité cultivée a disparu au profit de quelques variétés standard, souvent moins intéressantes sur un plan nutritionnel.
C’est donc bien notre alimentation qui est en jeu dans ces disparitions. Cette érosion a pour conséquence majeure l'insécurité alimentaire. Depuis la seconde guerre mondiale, en Europe, nous avons par exemple perdu 95% des variétés de choux, 91% des variétés de maïs ou encore 81% des variétés de tomates...

Photo des légumes anciens : ©Emmanuelle Cornut

Marc Dufumier : « La seule issue pour les paysans du Sud est de diversifier leurs productions »

Professeur émérite à AgroParisTech et président de Commerce Équitable France, Marc Dufumier plaide pour l’agroécologie et la diversification des cultures, qui s’appuient notamment sur les potentialités de la biodiversité agricole.

Avez-vous un exemple concret de l’érosion de la biodiversité ?

Tout jeune diplômé ingénieur agronome, j’ai été envoyé à Madagascar pour y enseigner ce que l’on appelait à l’époque : la “riziculture améliorée ”. À savoir l’emploi de l’une des toutes premières variétés de la “révolution verte”, le cultivar IR8 à haut potentiel génétique de rendement, mais gourmand en éléments minéraux et sensible aux insectes prédateurs et aux champignons pathogènes. Comme si la rizière n’était qu’un champ de riz dont il fallait accroître le rendement à l’hectare, en ayant recours à des engrais de synthèse et des produits pesticides. Mais c’était oublier que dans les rizières, on pouvait aussi observer des canards, escargots, poissons et grenouilles, sources de protéines animales. Les canards picoraient les herbes adventices et les insectes ravageurs, sans porter préjudice à la croissance des brins de riz. Les cyanobactéries présentes spontanément dans la boue contribuaient quant à elles à fertiliser le riz en azote par la voie biologique. Les Malgaches avaient su en fait aménager des agroécosystèmes hébergeant une incroyable biodiversité domestique et sauvage ; et pour accroître le rendement du seul riz, il m’était demandé de mettre celle-ci en péril !

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Quelle menace pèse sur la biodiversité agricole ?

La biodiversité ne se résume pas au seul inventaire des espèces végétales, animales et microbiennes, présentes au sein des écosystèmes agricoles. Elle consiste bien davantage en les multiples et diverses interactions qui existent entre ces diverses espèces vivantes et entre celles-ci et leur environnement physique (leur biotope). La bonne nouvelle est que depuis le néolithique, l’humanité s’est révélée maintes fois capable d’aménager des agroécosystèmes à la fois productifs et durables (rizières, bocages, agro-forêts, etc.), au sein desquels a pu émerger progressivement une très grande biodiversité. La mauvaise nouvelle est que les formes d’agricultures industrielles promues depuis peu dans maintes régions du monde, au Sud comme au Nord, tendent désormais à simplifier exagérément les agroécosystèmes, avec pour effet de les fragiliser dramatiquement.

La grande erreur est de ne plus concevoir la “rentabilité” de l’agriculture qu’au sein des seules filières de production, prises isolément les unes des autres, en termes strictement monétaires. En compétition sur des marchés de plus en plus mondialisés, les agro-industries sont à la recherche de “matières premières” agricoles standard, produites aux moindres coûts, à grande échelle. Elles tendent à imposer leurs propres cahiers des charges, au risque d’inciter leurs fournisseurs à spécialiser toujours davantage leurs systèmes de production agricole : monocultures sous contrats, élevages hors sols, séparation de l’agriculture et de l’élevage, etc. C’est cette spécialisation qui tend à réduire excessivement la biodiversité au sein d’agroécosystèmes outrageusement simplifiés.

En quoi cela est-il particulièrement dangereux pour les paysans du sud ?

Cela n’est pas sans de graves conséquences pour les paysanneries du Sud qui se sont laissé entrainer dans cette aventure. Faute de ne pas avoir su ou pu “ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier”, leur situation est devenue beaucoup moins résiliente face à d’éventuels accidents climatiques, chutes des prix ou attaques phytosanitaires. Leur sécurité alimentaire ne plus être vraiment assurée et il leur faut souvent désormais protéger préventivement leurs cultures ou leurs troupeaux contre l’apparition d’hypothétiques bio-agresseurs. D’où l’emploi régulier de produits pesticides et d’antibiotiques qui ont pour effet de fragiliser encore davantage les agroécosystèmes et de réduire toujours plus la biodiversité en leur sein. Le recours à des insecticides pour éradiquer un insecte nuisible peut ainsi contribuer à tuer la faune pollinisatrice. De même l’emploi de fongicides destinés à soigner les plantes contre les champignons pathogènes peuvent-ils occasionner la mort de champignons mycorhiziens dans les sols et contribuer ainsi à réduire fortement leur fertilité.

La seule issue pour les paysans du Sud est de diversifier leurs productions au sein même de leurs fermes et de maintenir une très grande biodiversité domestique et sauvage dans leurs terroirs. L’idée n’est plus de vouloir à tout prix éradiquer les éventuels agents pathogènes, insectes nuisibles et herbes adventices, mais de tout faire pour pouvoir “vivre avec” en réduisant au maximum leur prolifération et leurs dommages. Seuls des agroécosystèmes riches en biodiversité sont à même d’amoindrir les conséquences d’éventuels accidents climatiques ou phytosanitaires.

Photo : Marc Dufumier ©Commerce Équitable France

GUATEMALA : des «matchs» de biodiversité

Au Guatemala, dans le contexte de revalorisation de l’identité indienne Q’eqchi’, et de lutte contre la migration paysanne vers les villes, des concours de biodiversité sont organisés sur le principe des matchs de foot, avec divisions, équipes et arbitres. Et ça marche !

Tout commence en 2002 en Bolivie, lorsque le pays est confronté à une forte demande mondiale de son quinoa qui déstabilise le système paysan traditionnel. Dans ce contexte, AVSF met en place des « concours paysans » pour favoriser le retour d’une biodiversité cultivée dans les champs. À partir de 2006, les équipes d’Amérique Centrale appliquent ce principe au Guatemala avec le partenaire SANK. Objectifs : revaloriser l’identité de la communauté indienne Q’eqchi’, fortement réprimée dans les années 80 et expropriée de ses terres au bénéfice des grandes exploitations de culture de palme, et limiter l’émigration paysanne vers les villes ou vers les États-Unis.

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Comme un « match » entre paysans

Pour obtenir une adhésion optimale, le concours de biodiversité est organisé un peu comme les matchs de foot, avec plusieurs « divisions » selon le niveau des équipes participantes. On joue par équipes, par familles ou par communautés. Le principe est assez simple : l’arbitre visite les parcelles de chaque équipe et attribue des points en fonction de différents critères : la diversification et la quantité de variétés cultivées, l’équilibre entre les variétés pour l’autoconsommation et la vente, les pratiques de préservation des sols, l’utilisation des semences et des variétés anciennes ou rares, les conditions d’élevage des animaux. D’autres critères plus indirects sont aussi pris en compte comme la bonne gestion des ressources naturelles, le niveau d’implication des membres de la communauté, l’exacte identification des problèmes à résoudre et la cohérence des réponses apportées.

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Et ça marche !

Côté biodiversité, les résultats sont là : les équipes gagnantes cultivent entre 80 et 100 variétés différentes de légumes et fruits dans leurs parcelles. Elles reçoivent un prix en effectif à l’occasion de grandes fêtes paysannes, pour faire reconnaître à tous les efforts réalisés dans chaque catégorie et créer de l’émulation. Tant et si bien qu’aujourd’hui, plus de 800 familles paysannes de plus 100 communautés différentes participent. Au-delà de ces concours, la stratégie AVSF vise à inciter chacun à se former, renforcer les réseaux locaux d’assistance technique, utiliser le micro crédit et créer des unités de transformation et de commercialisation en direct.

PÉROU : le berceau de la pomme de terre

Dans la région de Huancavelica, à 4000 m d’altitude, la pomme de terre est la seule culture possible. Avec ses 500 variétés natives, la population dispose non seulement d’un patrimoine inestimable, mais aussi et surtout d’une ressource particulièrement vitale.

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C’est entre 3 600 et 4 200 m que pousse la papa nativa, la pomme de terre native, héritage séculaire des paysans du lieu. Ils la cultivent à flanc de montagne, en travers de la pente, pour éviter l'érosion et travaillent en groupe, toujours solidaires au sein d'une même communauté, un champ après l’autre. Chaque paysan en récolte en moyenne entre 400 et 500 kg par parcelle. Car cette terre légère et riche en matière organique est tout particulièrement productive : « Plus la terre est légère, plus les racines peuvent respirer et plus le tubercule a de l'espace pour se développer » explique une technicienne d'AVSF.

Plus de 500 variétés !

Les variétés locales sont vraiment uniques, plus douces et plus faciles à cuire que nos variétés de plaine. On en trouve des jaunes, des noires, beaucoup de violettes… Parfois bleues ou rouges à l'intérieur. L’accompagnement de cette communauté péruvienne est une des actions exemplaires menées par AVSF dans son combat contre le monopole des semences. Il se concrétise par l’installation de banques de semences, l’amélioration de la qualité de celles-ci, la mise en place d’un système post-récolte (sélection, collecte et stockage) et d’un processus de transformation de la matière première, et renforce ainsi l’autonomie économique de la communauté. Victor Gabriel Capcha, 52 ans, producteur de papas nativas : « Nos aïeux seraient fiers de nous car ils ont protégé ces variétés. On en a plus de 500 ici. »

Un accès à l’international grâce à une usine à chips

Un partenariat entre AVSF, Agropia et Ethiquable s’est mis en place pour permettre d’obtenir la certification équitable avec les engagements qu’elle suppose : de petits producteurs, la transparence de gestion, une organisation coopérative démocratique… En 2016, la coopérative paysanne Agropia a également inauguré sa propre usine de fabrication de chips de papas nativas. Un aboutissement après 8 ans de projets, qui ont permis aux 90 producteurs de la région de transformer et vendre en direct leur production sur les marchés internationaux, créer des emplois et augmenter le revenu des familles paysannes. Aujourd’hui, l’un des principaux objectifs de l’organisation est de devenir fournisseur de semences natives biologiques pour d’autres producteurs au Pérou.

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TOGO : promouvoir les races locales

Dans un contexte de changement climatique, de prolifération de maladies animales (grippe aviaire, fièvre aphteuse, etc.) et de races importées dominantes, les variétés locales sont une alternative indispensable à un élevage durable.

L'élevage est un élément clé des systèmes de production des exploitations familiales. Et comme il évolue dans des environnements difficiles et changeants (forts aléas climatiques), les races locales ont développé des capacités d’adaptation exceptionnelles qui ont permis la durabilité du système d’élevage familial. Aujourd’hui, cette durabilité est menacée par l’érosion des espèces locales au profit de races importées pour leur productivité en lait et viande. Résultat : 5 races bovines venues d’Europe et d’Amérique du Nord dominent aujourd’hui l’élevage mondial, dont la plus répandue, la Holstein Frisonne, qui produit 2/3 du lait mondial.

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Les chèvres Djallonké

Au Togo, AVSF travaille depuis plusieurs années avec l’Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA) sur une sélection de plus de 2000 ovins et 400 chèvres Djallonké, une race locale très bien adaptée aux conditions climatiques de l'Afrique tropicale humide, résistante à la trypanosomiase, une maladie parasitaire et endémique transmise par la mouche tsé-tsé. AVSF la promeut auprès des éleveurs, pour répondre aux besoins croissants en viande de cette région d’Afrique.

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Sans oublier les poules Foulani

AVSF s’attache aussi à promouvoir l’élevage d’animaux de basse-cour auprès des éleveurs paysans du Sud. Là comme ailleurs, on observe une érosion des races locales de poules au profit de souches hybrides spécialisées pour la ponte ou à croissance hyperrapide pour la viande. 4/5 de ces hybrides sont produites par 3 entreprises multinationales qui en détiennent le monopole génétique. Il s’agit d’animaux exigeants en terme de nutrition, vulnérables à la plupart des maladies courantes et donc trop coûteux pour les éleveurs. Depuis quelques années, AVSF travaille à la diffusion au Togo de la race Foulani, sélectionnée au Ghana, qui est polyvalente et répond aux conditions agro-climatiques locales, à la différence des races importées. Les poules sont productives à la ponte et les poulets ont de bonnes performances de croissance, permettant de les consommer au bout de quatre à six mois.



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En tant qu’ONG d’appui au développement rural, Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières agit depuis 1977 pour renforcer l’autonomie des paysans du Sud. Nous travaillons directement avec eux et leurs organisations pour préserver les qualités spécifiques des semences paysannes, les savoir-faire de sélection, pour préserver la biodiversité locale et augmenter la production agricole.
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Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF) est une association de solidarité internationale, reconnue d’utilité publique, qui agit depuis 1977 pour soutenir l’agriculture paysanne. Chaque année, AVSF soutient 700 000 personnes dans 20 pays du monde.
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